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28 juin 2011 2 28 /06 /juin /2011 00:51

avatar sp02112Au début il y a la fraîcheur de l’écriture qui anesthésie et désinfecte, il cherche la veine et puis il pique avec sa plume. Et il laisse couler … des larmes, du sang, de la sueur, du sperme…

 

Marc Desmazières, talentueux créatif, lauréat du prix Plume d’agence 2010 avec la prometteuse nouvelle, Mauvaise graine, s’approprie le genre et livre un délicieux recueil  d’alléchantes histoires : Je vous salue maris. Attention vitriol et scalpel façonnent en 19 épisodes une vision-désillusion du couple, salée-épicée, crue- cul.  “Valérie disait toujours oui à son amoureux (…) au petit matin elle prenait toujours bien soin de le sucer. Sa mère lui avait appris que c’était le meilleur moyen de garder un homme.” D’aimer, ici, de respect, il n’est pas question, c’est de l’humour, de l‘amour mort, sans rédemption.

 

N’oublie pas ta brosse à dent.

 

Qu’une femme de passage lui fasse le coup de la brosse à dents “oubliée là par hasard” cet homme se met dans des étas de clairvoyance extrème :“Comme Ulysse, un beau jour, il subit le pouvoir d’une Circé (…) Endormie sa vigilance de guerrier, elle en avait fait un éleveur. Il s’occupait de bébés qui paissaient dans un parc, il nettoyait les écuries-berceaux et faisait du fumier avec les couches.” Monsieur est connaisseur… Et dire que les femmes s’extasient devant les hommes qui torchent les petits derrières! Si elles savaient que s’ils ne se défilent pas, c’est par pure lâcheté ou parce qu’ils espèrent en échange quelques susucres sous la couette.

Desmazières nous emballe avec de belles belles envolées mais aussi, des chutes mortelles : “Sans commentaires et sans tendresse, il la saisit, la plaqua contre le canapé, et, lui tenant la nuque avec la main, il lui fit, naturellement, ce que son mari n’aurait jamais fait.”

 

Cherchez le mufle

 

D’ailleurs, les maris, les femmes, les amants et celles qu’on n’a pas eues, il les aligne contre le mûr et flingue à tout va, sans discrimination de sexe. Avec une balle dans la nuque toutefois pour le mâle poisseux “…cow-boy désapé (la) chevauchant ardemment (…) quelques kilomètres dans le désert de sa vie sexuelle.” et un feu nourri pour les salopes en tous genres qui, à peine leur mari mort,  prennent pour amant, le meilleur ami d’icelui: “En tous cas, la patronne du bordel de ta vie, c’est ta femme.”  Les mijaurées qui ont la migraine lors d’un week-end en amoureux aux petits oignons, du genre dont vous et moi, nous rêvons, ont la faveur de son fiel tout frais.

Et que dire de celles, mais quelle est le mot féminin pour mufle, qui ne cherchent qu’à se faire appeler “madame” et puis “maman” tout en surveillant d’un oeil neutre l’engrossante et innocente progression de ces quelques centimètres de chair grâce auxquelles elles vont se “caser”? Et si vous faites partie des goujats qui collectionnent les maîtresses mais n’ont qu’une femme, la mère de leurs enfants,  pas de pitié non plus. Allez vous faire voir ailleurs.

 

Mentir, tu devras

 

Ailleurs, oui mais où? Le mariage est un enfer, l’amour, une impasse. les hommes se prennent pour de bons coups, les femmes  les considèrent comme des bonnes affaires. Sur quelle planète, faut-il aller chercher la réussite du couple? Desmazières ne donne pas la réponse mais il est intarrissable sur les choses à ne pas faire  : déshabiller avec trop de précipitation, se prendre pour un tombeur alors qu’on n’est qu’une machine à cash, refuser de quitter son conjoint, vouloir rester avec lui, c’est pas bien non plus, offrir un tour du monde, réaliser son rêve sans exaucer celui de l’autre, dire la vérité, ne pas se méfier d’une fille moche, débander, aimer enfin. En revanche, le mensonge est un must. Ce bienheureux défaut recolle toutes les façades.

 

Je vous salue maris, désespère de la femme comme de l’homme et sous l’écriture acérée, apparaît  l’impossibilité de conjuguer le conjugo avec la bonne concordance de temps. Pour se justifier, l’auteur invoque Kierkegaard: “Le mariage est et restera le voyage de découverte le plus important que l’homme puisse entreprendre ; toute autre connaissance de l’existence, comparée à celle d’un homme marié, est superficielle, car lui, et lui seul a vraiment pénétré l’existence.” Pénétré? Ce Kierkegaard est impayable!

 

Car oui bien sûr, on rit. Desmazières, en virtuose, jongle avec les mots et les mauvais sentiments, les attendus et les malentendus. Je vous salue maris, se déguste cul-sec. Buvons donc, à la santé de nos unions mourantes.

 

`Merci à Philippe Lafitte qui m’a inspiré ce titre.

 

Je vous salue maris…

Marc Desmazières

Editions Kirographaires

16,95 euro

Sortie 29 juin

 

 

 

Copyright Olivia van Hoegarden

 

 

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commentaires

P
<br /> Mortel !<br /> <br /> <br />
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